Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
...:::Ansible:::...

...:::Ansible:::...

Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


La collection "Trésors de la SF", aux éditions Bragelonne, permet de (re)découvrir des grands récits patrimoniaux de ce genre, souvent d'auteurs francophones mais pas que. Récemment Caza et son équipe ont donc exhumé trois des premiers romans de Jean-Pierre Andrevon, cet auteur protéiforme et touche-à-tout, qui ont comme points communs de se passer... très loin de la Terre, d'où le titre du recueil.
Pour avoir une idée de ces trois romans, voici les résumés proposés par l'éditeur :
Qui sont ces êtres mystérieux, venus du ciel, qui portent des armures scintillantes et poursuivent les meilleurs chasseurs du Clan des Hommes ? Roll, embarqué dans l’un des oiseaux de fer des envahisseurs, est condamné à combattre dans des arènes – car le Temps des Grandes Chasses est revenu. Mais il n’a pas oublié sa planète…

C’est en l’an 2413 qu’a lieu le premier contact. Mais les vaisseaux étrangers attaquent – et l’arme absolue dont ils sont dotés risque fort de mener l’humanité à l’extinction. À moins d’arriver à communiquer avec eux, et de stopper enfin la Guerre des Gruulls.

L’Hélios est le premier vaisseau à quitter le système solaire… pour échouer sur une planète inconnue, où les peuplades indigènes se révèlent parler anglais. Comment est-ce possible – et qui est ce Dieu de lumière ?

Trois romans, donc, qui s'étalent sur plus de 700 pages, et proposent une vision très particulière du space opera, tel qu'il se concevait en France à la fin des années 1960. On aurait tort de dire que ces écrits contiennent un message ; selon les dires de l'auteur lui-même, tout écrit est en lui-même un message. Des récits politisés ? Sans doute, même si à l'époque les auteurs de SF se réclamaient -ouvertement ou pas- de tous bords, et si le jugement d'Andrevon se veut très nuancé sur ce point.
Il y a toutefois des points communs ; les personnages des trois romans se retrouvent en butte à des civilisations (plus avancées, moins avancées ou tout simplement, autres) qu'ils ne comprennent pas et auxquelles, finalement, ils sont intimement mêlés. On reconnaît très vite, si l'on est un lecteur de certains pionniers de l'âge d'or français, des thèmes et des figures chères à des auteurs comme Barjavel ou Wul, sans pour autant verser dans le plagiat. Les écrits d'Andrevon font ici preuve d'une certaine naïveté, les éléments étant parfois maladroitement imbriqués, l'auteur appuyant par moments sur certains éléments alors que cela ne se justifie pas forcément. Pourtant, ces textes contiennent en germe ce qui fera la genèse de l'oeuvre d'Andrevon par la suite : l'amour de la nature, le refus des préjugés sur autrui, mais aussi quelques valeurs un peu chevaleresques. Andrevon renversera certains de ces postulats, comme un avenir "heureux" par la suite, pour décrire des mondes pourris, crevant sous la pollution, gris, ternes... Ces figures sont déjà présentes, de façon négative, dans ces romans, Orum, Octar, sont des lieux déprimants au possible. Le Temps des grandes chasses pourrait être une relecture de la Rome antique, fortement marquée dans les caractéristiques montrées, mais l'auteur s'en défend un peu. La Guerre des Gruulls et Le Dieu de Lumière relèvent du space opera, certes, mais aussi du planet opera, voire de la planet fantasy, l'auteur s'affranchissant des codes de l'un ou l'autre des csous-genres, emmenant ses héros dans l'espace infini ou longuement en exploration sur des planètes inconnues. Le dernier roman cité pourrait aussi être qualifié de time opera, tant le temps tient une place importante, même si le paradoxe temporel est traité de façon assez "libre".

Et c'est en cela que ces romans sont passionnants. Dans leur imagination débridée, leur affranchissement des cadres, des codes, pour nous livrer des histoires truffées de péripéties. Certes, ce n'est pas toujours d'une efficacité optimale, maisla fraîcheur de l'ensemble fait plaisir à voir, et surtout, à lire. A noter en fin de volume, une notice bio-bibliographique de Joëlle Wintrebert permettant d'éclairer un peu plus la lecture, ainsi qu'un entretien inédit et récent de Jean-Pierre Andrevon.

Une lecture peut-être longue, mais loin d'être inintéressante.

Spooky.
Commenter cet article

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog