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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Vie du blog
Hop petit relookage avec une nouvelle bannière... l'ancienne avait des dimensions inadaptées, et n'était pas forcément parlante... Par contre elle expliquait la signification du nom du fanzine.

La voici :


Vous qui venez régulièrement (ou pas) ici, qu'en pensez-vous ?

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Jeux
Je l'ai sans doute déjà dit une bonne centaine de fois, mais il est bon de le répéter : un truc publié par Nobilis et qu'on trouve dans le coin des soldes, y a de grandes chances pour que ce soit de la daube. Et parfois, non, et c'est pour ça qu'un site comme celui-ci est utile, pour faire le tri dans cette jungle hostile du jeu pas cher. Parfois donc, Nobilis réédite des trucs pas mal mais qui n'ont pas marché, et si je vous dis ça évidemment, c'est parce que j'aime bien tuer le suspense dès le début de mes articles en disant tout de suite si c'est bien ou nul. Et donc là, c'est bien.

Après Earth 2140, après Earth 2150, après The Moon Project, voici donc dans le bac à 10 € (et à seulement $4,95 sur Stream) un nouvel épisode de la saga qui voit s'opposer les Etats Civilisés Unis, la Dynastie Eurasienne et la Corporation Lunaire depuis 20 ans. Cette fois la Terre a été détruite pour de bon et les rares survivants se sont entassés dans des vaisseaux en partance pour Mars. L'arrivée sur cette planète d'accueil est chaotique, la situation désespérée des colons ne les incite pas pour autant à lâcher les armes et à coopérer, et pour couronner le tout, le désordre provoqué par l'arrivée des rescapés a réveillé une race extraterrestre qui surgit des profondeurs de Mars et se révèle pour le moins inhospitalière... Bref, évidemment, la guerre reprend, mais cette fois, il y a 4 factions.

Avec un background comme ça, c'est évidemment à un STR qu'on a affaire, et ses mécanismes de base sont les mêmes que l'on retrouve à peu près partout : on construit son camp, on récolte des ressources, on entraîne/produit des unités, on investit dans la recherche pour les améliorer, et on va noyer l'ennemi sous ses vagues d'assaut. Jusque là, rien de nouveau, c'est comme ça depuis la naissance du genre.



Nouvelle venue dans la série, la race alien du jeu est assez fortement inspirée de Starship Troopers, avec ses insectes géants, ses arachnides shootant du plasma et ses grosses bébêtes-cerveaux.

Bien sûr, histoire de ne pas ressembler à un vulgaire clone de ce qui existe déjà, on a droit à 4 camps aux différences bien marquées : la Dynastie Eurasienne utilise principalement de l'infanterie et des blindés, les Etats Civilisés Unis ont des robots géants, les copines de la Corporation Lunaire ont principalement des véhicules aériens, et enfin les aliens sont les plus originaux du lot, avec leurs techniques de multiplication par mitose et d'upgrade par métamorphose. Mais les factions ne se distinguent pas uniquement les unes des autres par le design de leurs unités puisque les règles de construction de base ou les ressources à récolter diffèrent à chaque fois. Pour être honnête, prise individuellement, aucune des quatre races n'est follement novatrice par rapport à tout ce qu'on a déjà pu voir dans les 850 millions de STR sortis depuis Dune II, mais les contrastes entre les unes et les autres permettent à Earth 2160 d'être un peu plus qu'un énième STR classique.



Assaut de la Dynastie Eurasienne sur une base de la Confédération Lunaire.
Celle-ci se distingue entre autres par ses constructions en piles et ses barrières-laser.

Une autre spécificité de la série par rapport au STR lambda, c'est la possibilité pour le joueur de customiser ses unités comme il le souhaite, tout en restant bien sûr dans la limite des moyens techniques et financiers à disposition. Il y a différents modèles d'engins de base, qu'on peut équiper à sa guise d'armes, systèmes de défense et accessoires divers. Sur le même châssis de tank, vous pourrez ainsi monter une tourelle de canon simple ou double, ou un lance-roquettes, ajouter un générateur de bouclier, un blindage plus robuste, etc. Les recherches sur les nouvelles technologies faites en cours de jeu permettent d'augmenter le nombre de châssis et d'accessoires disponibles, et évidemment, plus vous cumulez de gadgets puissants sur un appareil (sachant que les emplacements d'armes ne sont pas illimités de toutes façons), plus il sera long et coûteux à produire, d'où l'intérêt de ne pas seulement chercher à composer le tank (ou le robot, ou quoi que ce soit) ultime et à le fabriquer en série, mais d'équilibrer un peu la composition de votre armée.



Equiper ses blindés d'armes exclusivement antiaériennes aurait pu être une bonne idée face aux fifilles de la Confédération Lunaire (et encore), malheureusement à la première rencontre avec une escouade de mechs et cyborgs des Etats Civilisés Unis, c'est le drame.

Earth 2160 reprend donc ce principe qui faisait l'intérêt des précédents épisodes mais malheureusement n'innove pas beaucoup avec. Pour tout dire, je crois même me souvenir que le jeu précédent, The Moon Project, offrait plus de liberté à ce niveau. On trouvera quand même une amélioration bien utile, puisqu'il est désormais possible de lancer directement à partir de l'écran de composition des véhicules les recherches sur les équipements que l'on souhaite obtenir. Si je veux un tank moyen avec missile ballistique, plus besoin d'aller chercher un par un les upgrades nécessaires dans l'arborescence de technologie pour lancer la phase de développement, je vais simplement sur l'écran de véhicules, je clique sur le châssis et les options que je veux et les recherches se lancent. Il est même possible de programmer au passage leur attitude par défaut (offensive/défensive, feu à volonté/tir précis...). Ca a ne révolutionne pas vraiment le jeu mais c'est pratique.



Petit gadget sympathique, on peut surveiller une zone de la carte en y plaçant une caméra dont les images s'affichent alors dans un mini-écran en haut à gauche. Un bon moyen par exemple de garder un oeil sur sa base tandis que l'on mène ses troupes à l'assaut

Parmi les autres originalités qui permettent au jeu de ne pas être un simple Command & Conquer dans l'espace, citons la présence de mercenaires vendant leurs services aux divers camps en présence. Aussi bien en mode campagne qu'en mode escarmouche, on voit ainsi divers personnages venir vanter leurs propres mérites ; on peut alors cliquer dessus pour les recruter moyennant une certaine somme et, si aucun adversaire ne surenchérit dans les secondes qui viennent, on obtient ainsi, pour une durée limitée mais renouvelable, une nouvelle unité généralement plus puissante que la moyenne et surtout dotée d'aptitudes spéciales permettant notamment de déléguer un peu de micromanagement à l'IA. Ainsi, certains de ces mercenaires peuvent prendre en charge pour vous la construction de la base, d'autres s'occupent de la recherche ou de la récolte de ressources...



Le cyborg terminatoresque qui s'adresse au joueur dans la fenêtre de dialogue en haut est un mercenaire capable de gérer lui-même le recrutement des troupes.

Autre point appréciable, pour un jeu "budget" d'il y a 3 ans, graphiquement Earth 2160 tient encore plutôt bien la route. Le zoom permet d'admirer de très près des unités et bâtiments bien détaillés, les affrontements donnent lieu à un sympathique déluge d'effets spéciaux réussis, les environnements sont variés puisqu'on se battra dans des canyons, des marécages, des zones volcaniques ou industrielles, des déserts, des plaines enneigées, des vestiges de civilisations anciennes, des bases en ruine, et ce de jour comme de nuit, sous la pluie ou par beau temps... Evidemment, le joueur élitiste rétorquera que "on s'en fout que le jeu soit beau parce que l'important tu vois c'est le gameplay", n'empêche que pour ma part, je suis plutôt content quand un jeu de guerre futuriste s'apparente plus à Star Wars qu'à L'Inspecteur Derrick.



On prend presque plaisir à voir ses propres unités se faire atomiser tant les explosions sont chatoyantes.

Pour un jeu des pays de l'Est vendu entre 3 et 10 € (un terme qui en général désigne quelque chose comme ça), Earth 2160 n'en finit d'ailleurs pas de surprendre agréablement puisque la 3D ne sert pas ici qu'à permettre de placer et orienter sa caméra à sa guise : le relief du terrain a son importance, on peut ainsi pousser des rochers du haut d'une pente pour les envoyer s'écraser sur des bâtiments adverses en contrebas, et un tir de roquette visant une unité perchée sur les hauteurs peut finir bêtement sa course dans un flanc de falaise par la faute d'une trajectoire trop basse...



Fidèle à lui-même, le héros inexpressif et ringard de la campagne eurasienne supporte stoïquement les intempéries.

Malgré tous ses bons points, le jeu n'est quand même pas une réussite totale il faut bien le dire. En premier lieu, l'interface de construction des bâtiments est parfois longue à la détente pour ne pas dire carrément pénible. Et c'est d'autant plus agaçant que le mode de construction lié à chaque faction n'est pas forcément super intuitif de prime abord, ni super bien expliqué par les niveaux d'apprentissage des 4 campagnes. C'est vrai qu'il y a un manuel de 70 pages et des poussières sur le CD, mais il n'est pas particulièrement bien fait, sans compter qu'un manuel en .pdf c'est chiant à consulter pendant qu'on est en train de jouer. On est donc un peu livré à soi-même, et même l'habitué des STR risque de ramer un bon moment avant de dompter la bête. Loin de moi l'idée de me plaindre que le contenu offert soit trop riche ou trop complexe, mais disons qu'il n'aurait pas vraiment été du luxe de rendre tout ça un peu moins confus, aride et abrupt. Même si comme moi vous avez joué à The Moon Project, vous serez très certainement dérouté. Toujours au registre des défauts, malgré quelques efforts de mise en scène, les campagnes ne sont vraiment pas bien passionnantes, les objectifs étant sans surprise (va libérer machin au point A puis va raser la base au point B, vus voyez le genre), le doublage français assuré par des stagiaires sous sédatifs et les cinématiques assez plan-plan. Du coup on finit par se rabattre assez vite sur le mode escarmouche, en solo ou en multi.



La Confédération Lunaire n'est constituée que de femmes et dispose d'une infanterie munie de jetpacks. Je ne sais pas pourquoi je vous colle ça ici vu que ça n'a aucun rapport avec le paragraphe qui précède ni avec celui qui suit mais j'avais un dernier screenshot à caser lors bon voilà, me faites pas chier et admirez au passage un nouvel environnement.


Et à propos du mode multi, sachez qu'il est recommandé de ne pas se contenter des patchs officiels pour en profiter mieux, mais également de télécharger InsideEarthOperationRebalancing, un rééquilibrage des forces opérés par des passionnés de la saga oeuvrant à cette adresse, et chez qui vous pourrez également trouver des maps et mods pour le jeu. Au bout du compte, le jeu offre suffisamment d'aspects intéressants malgré ses défauts pour séduire les amateurs de stratégie science-fictionnesque qui ont déjà arpenté de long en large l'univers de la saga Dawn of War et sont prêts à s'investir un peu dans l'apprentissage d'un jeu dans lequel les premiers pas peuvent se révéler un peu rébarbatifs. Sans être le STR du siècle, Earth 2160 constitue une alternative honnête aux classiques du genre qui mérite qu'on lui donne sa chance, surtout à ce prix-là.

Toxic.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Repères
Reprenons les choses au début. Le manga (ou "la" manga, suivant la terminologie de certains spécialistes) est un terme générique désignant communément l'ensemble des productions dessinées de l'archipel japonais. Son origine vient probablement des estampes chinoises de différentes époques. Dans les années 1940 à 1980, un auteur a fortement contribué à développer cette "image dérisoire" (traduction approximative du terme) en explorant de nombreuses pistes narratives, et beaucoup de sujets divers : Osamu Tezuka. En Europe, nous connaissons les mangas sans le savoir, puisque les séries animées Goldorak, Albator et autres Candy (pour ne citer que celles-là) sont des adaptations de séries très populaires à l'époque. Pendant plus d'une décennie, ce furent les seuls représentants visuels de cette culture. Puis, au début des années 1990, deux éditeurs, Casterman et Glénat, décidèrent de publier quelques fleurons du manga : Akira, Dragon Ball, Apple Seed, Gunnm ou encore L'Homme qui marche. Dès 1994, de nouveaux éditeurs apparaissent et lancent de nouvelles séries. Les editions Tonkam sont parmi ceux-ci. Préférant s'écarter des séries connues du grand public (au contraire de Glénat), la maison Tonkam propose un catalogue plus audacieux et varié. Le public européen découvre alors qu'il y a plusieurs genres, et sousgenres, à l'intérieur du manga. Seinen, shônen, shôjo, gekiga, yuri, hentai… La sphère francobelge
se met au japonais.



Dans la foulée, Glénat avait publié plusieurs séries très inspirées par les mangas : HK, Nomad, Kazandou… Dix ans plus tard, le marché est littéralement envahi par les productions asiatiques (plus seulement japonaises, mais aussi coréennes et chinoises). Aujourd'hui, on compte 25 éditeurs faisant presque exclusivement de la traduction d'oeuvres asiatiques. Cette production "papier" est indissociable du marché vidéo, puisque des centaines d'OAV (Original Animation Video) adaptés de ces mangas sont également disponibles. Les ventes sont parfois très importantes, ce qui incite de nombreux éditeurs à se lancer dans l'aventure. La dernière génération de lecteurs a appris à lire avec les Yu-Gi-Oh !, Naruto ou I''s, comme la précédente avait appris avec La Quête de l'Oiseau du temps, Yoko Tsuno ou Aquablue, et celle de leurs parents avec Johan et Pirlouit, Jerry Spring ou Astérix…



Le marché de la bande dessinée dans l'espace franco-belge atteint un point d'étouffement sans précédent. Avec 3 500 sorties sur l'année 2005, l'Association des journalistes et critiques de bande dessinée parle de "mangalisation". Sur les 2700 nouveautés de l'année, plus de 1100 appartiennent à la sphère asiatique. Dans ce contexte, et alors que les chaînes de télévision (câble et satellites compris) diffusent de nombreuses séries animées asiatiques, il n'est pas rare de constater une "mangalisation" nette du lectorat, mais aussi des auteurs. Certains auteurs européens sont directement influencés par Miyazaki, de nombreux fanzines et fan-arts fleurissent dans les conventions, les festivals, … Il faut dire que le manga, dans son acceptation globale, propose une alternative intéressante à la tradition de la BD franco-belge : un format plus pratique, une contrainte de pagination complètement absente, des choix de cadrages et de rythme totalement débridés (sans mauvais jeux de mots)…

De fait, des "clones" européens sont déjà apparus : nous pourrons citer DYS (Editions Pika), réalisé par un Belge dans le sens de lecture japonais… Une parodie, Sentaï School (Editions Kami) a récemment vu le jour, mais il s'agit là d'un assemblage de situations et de "poses" typiquement… typées. D'autres séries, comme Nanami, Pixie, empruntent à divers niveaux à la culture manga : format, style… En 2006, des éditeurs lancent une grande offensive sur le terrain. Après que Soleil ait publié deux " mangakas " (auteurs de mangas) allemandes avec Christina Plaka et Anike Hage (qui ont réalisé leurs albums dans le sens de lecture japonais), Delcourt propose un véritable manga réalisé selon les "normes" japonaises. Jenny, jeune dessinatrice, sort sa première série Pink Diary. Elle doit réaliser 180 planches tous les 3 mois, dans un style directement inspiré de grosses pointures du shojo. Il existait déjà une école de bande dessinée depuis plus de 15 ans à Angoulême, d'autres établissements comme l'Institut Saint-Luc à Bruxelles… Il y a désormais une école de manga, qui s'appelle Eurasiam, pilotée par HEC. Enseignement graphique, apprentissage du japonais, études culturelles, les futurs mangakas issus de ce cursus arriveront bientôt sur le marché.



Alors, dans ce contexte éditorial saturé, est-il légitime et judicieux de proposer une "troisième voie" ?
Quoi qu'il se passe, le mouvement est d'ores et déjà enclenché. Que les récriminations soient d'ordre sémiologique ("un manga est par essence japonais") ou économique ("encore des nouvelles séries"), les premiers produits de l'évolution de la bande dessinée européenne sont d'ores et déjà sur l'étal des librairies, même s'il ne s'agit pour l'instant que d'une poignée de séries. Mais si le mouvement s'amplifie, le lecteur lambda, déjà complètement noyé, n'aura véritablement plus aucun repère. Faudra-t-il ranger ces "mangas français" parmi les mangas ? Parmi la BD francobelge ? Quoi qu'il en soit, la question principale reste : cette nouvelle tendance sera-t-elle de qualité ? Oui, à entendre un éditeur qui souhaite se lancer uniquement sur ce créneau. Nous avons des scénaristes et des dessinateurs talentueux en France, mais ceux-ci souhaitent explorer de nouvelles voies, sortir du carcan des 46 pages, du format A4, de la rigidité -relative- du style traditionnel franco-belge, hérité de la ligne claire. Alors, pourquoi pas ? Il semblerait que le format traditionnel ait vécu, connu son âge d'or, et mange actuellement son pain noir. Même au sein de la BD restant d'obédience franco-belge, les expérimentations se multiplient.

Le lectorat est-il prêt pour lire ces produits ?
Des sondages et des discussions sur des forums internet montrent que les avis sont partagés. Un nombre assez conséquent de lecteurs font un blocage sur le terme de "manga français", et risquent de faire également un blocage lorsqu'ils verront une étiquette portant cette mention sur les étals de librairies. Une autre frange de lecteurs n'a visiblement rien contre, du moment que la qualité est au rendez-vous.
En fait le problème semble d'origine culturelle. Les mangas sont -pour la plupart- publiés dans leur version tankôbon (petit format), plutôt que dans le format des revues spécialisées telles que Shônen Jump ou Monthly Jump. La bande dessinée est, depuis les années 1970, publiée dans des albums cartonnés, aux couvertures mates puis brillantes, ce qui en a fait un objet agréable à l'oeil, presque luxueux, avec un prix en constante augmentation depuis 20 ou 30 ans. Au Japon, comme aux Etats-Unis avec les comics, d'ailleurs, la bande dessinée est publiée sur un papier de qualité médiocre. Le manga a gardé son atout "populaire" (et donc "cheap") en étant vendu à 4 à 6 euros pour 120 ou 140 pages, un album "classique" de BD se vendant actuellement aux alentours de 12,50 euros pour 48 pages. Pour le lectorat "de base", les enfants de 8 à 12 ans, par exemple, le choix est vite fait. Voilà l'une des raisons de la mangalisation du marché…


Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Je l’attendais depuis longtemps et c’est lui : le manga qui s’impose à moi comme l’une des plus belles bandes
dessinées que j’aie pu lire. Ce n’est pas le premier manga que je lis mais presque, mais c’est le premier
à me faire un tel effet. Il entre par la grande porte au sein des ouvres cultes, des bouquins qui ont su me
marquer de façon indélébile.
Le postulat de départ est très excitant … ne vous êtes vous jamais posé la question de ce que vous feriez si vous pouviez revenir en arrière ? Ce que vous changeriez dans votre vie si vous aviez l’occasion de revivre des périodes-clés, ces moments où certains choix déterminent l’itinéraire d’une vie et où s’estompent comme des rêves les réalités qui auraient pu être, les chemins différents qui resteront à jamais de l’ordre du conditionnel passé ? Jiro Taniguchi nous prouve ici à quel point la réponse classique « moi je ne changerais rien » n’est pas si évidente que ça.
Voilà très exactement le genre de sujet qui me fascine. Parce que tout en lisant l’histoire de Hiroshi, son retour à l’adolescence alors qu’il a gardé tous ses souvenirs d’homme mûr, on se pose des questions sur soi-même. Sur sa vie, sur ce qu’on regrette d’avoir fait. Sur ce qu’on regrette de n’avoir pas fait. Taniguchi nous entraîne avec lui dans l’histoire intimiste d’un homme ordinaire. Ça peut paraître un brin rébarbatif dit comme ça… et pourtant c’est tout le contraire. Le récit est passionnant, parsemé de ces détails qui font d’une histoire une bonne histoire. Et, bien que situé dans le Japon des années 60 la majorité du temps, le récit a quelque chose d’universel, ce quelque chose qui fait qu’il touche tout le monde.



L’auteur prend le temps de poser son décor, ses personnages, il évite de se précipiter dans le déroulement de son intrigue et c’est tant mieux. Car au fil des pages on évolue en même temps que Hiroshi. D’abord l’étonnement, le refus d’y croire.
Ensuite vient l’expérimentation, on est heureux de voir le personnage profiter de son expérience d’adulte pour améliorer sa vie d’adolescent. On se prend à espérer le voir réaliser telle ou telle chose, on se dit « moi à sa place je ferais ça ! », on vit l’expérience pleinement. Et enfin on se pose les questions de fond avec lui. A-t-il le droit d’influencer son passé, de prendre des chemins qu’il n’avait pas pris la première fois qu’il avait 14 ans ? Le peut-il seulement ? Le suspense monte tandis que Hiroshi cherche à résoudre le mystère de son père…

Bref, ce manga est captivant du début à la fin.

Côté dessin, Taniguchi sait faire jouer ses deux principales qualités : la simplicité et le réalisme de son trait tiennent un grand rôle dans le fait qu’on se plonge sans la moindre retenue dans son histoire. Quartier lointain est un de mes plus gros coups de cour de ces dernières années, et je le range sans hésiter parmi les chefs d’oeuvre du 9ème art.

Marv’.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


La planète Mars se partage entre les humains et une nouvelle race génétique, les Afridiens. Etres mal aimés et soumis aux pires inégalités, les Afridiens se battent pour plus de liberté. Alors que les tensions entre les deux peuples vont croissantes, de monstrueuses créatures envahissent la planète rouge. La découverte d'un couple de touristes complètement dépecés accentue encore les peurs et les problèmes de communication.

David "Boozer" Soho, ancien flic reconverti en dépanneur agréé, et Donna Mc Spayne, diplomate et spécialiste du conflit Afridien, sont chargés de l'affaire. Ensemble, ils vont mener l'enquête pour essayer de déjouer un complot d'importance interplanétaire... Nouvelle venue dans l'univers des Stryges, Les Hydres d'Arès détonne par un environnement à la fois exotique et futuriste.


Le dessin a été confié au "débutant" Alexis Sentenac, qui a pris la relève de Marc Moreno, auteur du Régulateur (Editions Delcourt), alors pris par d'autres projets. Ce premier tome a mis près de trois ans à voir le jour, la faute à un changement de dessinateur, une direction éditoriale quasiment absente, et des soucis avec le coloriste, Svart. Bref, c'est un projet qui a mis du temps, mais a quand même réussi à voir le jour grâce à l'opiniâtreté de ses auteurs.
Au final le "pitch" de la série n'est pas inintéressant, même s'il n'est pas original. Sur une autre planète, des gens se font attaquer dans le désert par des créatures inconnues. Ne voulant pas alerter les autorités risquant de mettre en péril la colonisation, on confie le bébé à un semi-marginal, ancien militaire. L'occasion pour Corbeyran de faire de l'Alien avec du conflit israëlo-palestinien dedans sans en avoir l'air.



Ca se lit assez bien, même si certaines répliques me semblent un peu faiblardes, et si le dessin alors un peu
irrégulier de Sentenac est quelque peu écrasé par les couleurs, un peu trop pétantes à mon goût. Ce qui n'empêche pas le dessinateur, grand amateur de SF et de comics, de glisser pas mal de clins d'oeil sympas dans son album.
Je lirai la suite avec intérêt.


Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Si chacun connaît L'Île au trésor, qui sait réellement ce qu'il est advenu du pirate Long John Silver ? Xavier Dorison et Mathieu Lauffray ont tout simplement entrepris de raconter son histoire, nourris par les récits de grande aventure et de piraterie. Somptueux !

Délaissée par son mari parti découvrir le nouveau monde depuis plusieurs années, Lady Vivian Hastings est restée à Bristol, en Angleterre. Seule ? Pas tout à fait : Vivian, consciente de son charme, ne manque pas de prétendants. Ceux-ci ne connaissent pas sa situation matérielle inquiétante : ruinée bien que toujours propriétaire du domaine et, surtout, enceinte.Tout bascule le jour où Vivian reçoit enfin des nouvelles de son mari qui lui somme de le rejoindre en Amérique du sud où Lord Hasting aurait découvert le mythique trésor de Guayanacapac ! Acculée, Lady Hastings décide de partir et fait appel, malgré les mises en garde du docteur Livesey, à une bande d'hommes sans foi ni loi dont le chef n'est autre que le redoutable Long John Silver.
Vivian conclut un pacte de sang avec ce pirate qui lui propose de l'embarquer jusqu'au nouveau monde en échange d'une partie du trésor. Le voyage s'effectuera jusque dans les pays les plus reculés, le long de l'Amazonie, en pleine forêt.

Attention, expédition à surveiller de très près !
Partir à la recherche de l’héritage de Robert Louis Stevenson n'est pas une mince affaire, et il vaut mieux
s'appuyer sur un solide équipage pour s'y atteler.
C'est le cas avec le tandem Dorison-Lauffray. Le premier sur la dunette, en navigateur chevronné, semble bien connaître la route. Le second, capitaine de vaisseau déjà bardé de nombreux titres de gloire, est un leader rassurant pour l'équipage. Un équipage que l'on espère fourni et enthousiaste, un équipage qui devrait rester fidèle à ce gros galion affrété par l'armateur Dargaud pour une destination encore floue, mais qui promet monts et merveilles.



Mais la traversée est semée d'embûches. Il ne faudra pas se décourager au moindre grain, ne pas craindre le mauvais oeil qui accompagne souvent la présence de femmes à bord, même si celles-ci sont précédées par une réputation sulfureuse. Non, il va falloir garder le cap, lutter contre vents et marées, et mener l'expédition à bon port, à Guyanacapac, cité fabuleuse.

Les voyageurs ne sont qu'au début de leur périple, mais nul doute que celui-ci fera date dans l'histoire de la navigation.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


PETIT TEMPS

Stephen Baxter est l’un des écrivains de “Hard SF” les plus doués de notre époque. Il plaque sur une idée originale les applications scientifiques les plus récentes.. Il l’a démontré de façon éclatante dans Voyage (chroniqué dans un Ansible précédent). dans Titan, il utilise les mêmes recettes. Un journaliste scientifique, Rosenberg, est persuadé qu’on peut trouver de la vie, sous dorme basique, sur Titan, l’une des lunes de Saturne. Il propose à des pontes de la NASA de monter une expadition pour aller vérifier sur place. Mais le crash de mla navette Columbia remet tout en question, et semble enterrer le programme spatial pour des décennies. Le journalisteréussit toutefois à convaincre le directeur de l’institution, qui utilisera toutes les ressources de l’agence pour cette opération de la dernière chance ; allant jusqu’à récupérer les lanceurs et fusées mis au rebut ou au musée. La mission Titan décolle en janvier 2004, et s’élance vers son destin, sachant qu’il n’y aura probablement pas de retour pour les 5 membres d’équipage, tous astronautes chevronnés sauf Rosenberg.

Entretemps, la NASA est définitivement démantelée, la crise latente entre la Chine et les Etats-Unis franchit un nouveau palier... Pendant ce temps, les astronautes continuent leur route vers Saturne. Ils affrontent bombardementsradioactifs, aléas de navigation, inconvénients de la promiscuité... Pour enfin parvenir au nouveau monde. En digne héritier d’Arthur C. Clarke (avec lequel il a d’ailleurs écrit un roman), Baxter introduit une dimension métaphysique dans son livre, qui décrit non seulement le voyage lui-même, mais aussi les longues années de préparation de l’expédition. Il fait de cet îlot humain perdu dans le système solaire l’enjeu de la survie du genre (humain). car son romanest noir. très pessimiste quant à l’avenir de notre espèce, il nous invite à une odyssée passionnante, car moins aride que dans Voyage.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres



L’Horrorus rex de la littérature mondiale va bientôt tirer sa révérence, en tant qu’écrivain. Mais d’ici là le mois de février nous livre son King annuel en France. Roadmaster (From a Buick 8 en VO) nous conte comment l’irruption d’une créature ressemblant à une vieille automobile customisée dans un poste de police de l’ouest de la Pennsylvanie va bouleverser la vie de beaucoup de habitants.
Statler, 1979. Une Buick 8 (déjà un modèle ancien) s’arrête à la station-service locale. Le conducteur se dirige vers les toilettes, mais ne réapparaît pas. Le poste de police voisin récupère le véhicule et le garde sous séquestre dans un hangar. L’examen révèle l’impossible : il ne s’agit pas d’une automobile, ne comportant aucune pièce mécanique. Le propriétaire ne se manifestant toujours pas, la Roadmaster reste sous séquestre. Mais au fil des années, d’étranges incidents surviennent, en lien avec la Buick : disparitions d’animaux (et même d’humains), chutes de température, shows son et lumière, apparitions de créatures de cauchemar dans son coffre… Au fil des 23 années qui suivent, les membres de la Compagnie D (dénomination officielle des membres de ce poste de police) apprennent à haïr et craindre ce qui se trouve dans le Hangar B, en même temps qu’ils sentent son appel. Car la Roadmaster vit. Ceux qui ont lu/vu Christine et Un Tour sur le Bolid’ sentiront un goût de déjà-vu dans cette histoire de bagnole de collection diabolique. Mais que voulez-vous, l’automobile est une partie importante de l’American Way of Life, et King est l’un des plus beaux fleurons de la culture popcorn/hamburger/bière.
Sans être exceptionnel, ce roman s’avère de bonne facture.  
Une histoire à vous glacer les os, écrite par un mec qui sait accrocher le lecteur, pour peu que vous soyez preneur de ce genre. J’ai réellement failli rendre tripes et boyaux lors de certains passages ; j’ai écrasé une larme à la mort de la mort déchirante de Mister Dillon, la mascotte de la Compagnie D. Gros bémol, les créatures lovecraftiennes crachées par la Roadmaster ne sont pas vraiment convaincantes. Pour le reste, c’est du pur King : instillation de la peur par petites touches, informations anticipant l’avenir émaillant le récit, langage familier et métaphores faisant mouche… Le mode de narration est le point fort du semi-pavé (444 pages chez Albin Michel) : les événements sont vécus par 15 ou 20 personnes, on se retrouve donc avec 5 ou 6 narrateurs principaux. Cela permet un traitement de l’information différencié, une vue plus globale de l’histoire sur certains passages.
Autre motif kingien : l’utilisation de traumatismes personnels comme nœuds de l’intrigue. En l’occurrence, le fait que King ait été fauché par une voiture dont le conducteur était ivre sur une petite route de campagne il y a quelques années. Dans Roadmaster, c’est l’un des policiers tenant un rôle prépondérant qui en est victime. On peut citer la découverte, étant enfant, d’un cadavre dans la forêt, qui est devenu le point d’ancrage de la nouvelle Le Corps (Stand by Me, très bon film de Rob Reiner). Une catharsis comme une autre.

Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

http://www.images-chapitre.com/ima3/original/891/1071891_9814609.jpg

PREY/PRAY
(jeu de mots en anglais intraduisible en français, faisant le parallèle et la confusion entre Prier et Proie... Oui bon, c'est nul...)

Voilà un roman que j’ai dévoré d’une traite. Non seulement pour coller à l’intrigue (qui se déroule en une semaine), mais surtout parce qu’il est palpitant. Et ce, quasiment de bout en bout.
Un laboratoire travaille sur de nouvelles applications des nanomachines, vous savez, ces robots microscopiques que l’on dit capables de réparer le corps humain. Mais cette fois-ci, le Pentagone souhaite en faire des espèces d’avions espions indétectables, et surtout, indestructibles. Une équipe de programmeurs informatiques et de biologistes caractérise ces nanomachines sur le modèle comportemental prédateur/proie, avec la possibilité de s’adapter à toutes les conditions. Mais leur création leur échappe. Et apprend, s’adapte.
Le début du roman est un peu déroutant. Nous avons un informaticien brillant, Jack, qui se retrouve au chômage. Il en profite pour s’occuper un peu plus de ses enfants, car sa femme passe de plus en plus de temps au travail. Celle-ci se comporte bizarrement. Leur plus jeune enfant tombe subitement malade, et guérit tout aussi vite, sans raison apparente, dans l’indifférence totale de sa mère. Se faisant engager par Xymos, le laboratoire où travaille sa femme, il va tenter d’y voir plus clair. La réalité est bien au-delà de tout ce qu’il aurait pu imaginer. Bien pire.
Grâce à une base scientifique totalement crédible, l’intrigue concoctée par Crichton se révèle à la fois terriblement prenante et très facile à appréhender. Malgré une fin un poil rocambolesque, il est difficile d’en décoller. Crichton est décidément un auteur brillant.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


OCTAVIA E. BUTLER

Née en Californie en 1947, l’auteuse (ou auteure ?) est « la seule Noire américaine dans le domaine de la S.F. » (dixit le tome 1 du Science –fictionnaire de Stan Barets). Cette écrivaine de 10 ouvrages est appréciée aux USA où elle fut plusieurs fois lauréate aux prix Hugo et Nebula. La Parabole du Semeur L’écrivaine trace avec maestria la vie d’une adolescente et de son univers dans un monde ultra-violent. Face aux dangers d’un univers extérieur au mur qui clôt leur quartier, les habitants regroupés autour du pasteur survivent. Lauren Olamina, afro-américaine, fille du pasteur, souffre d’hyperempathie (elle partage les blessures de tous ceux qu’elles voient), cadeau empoisonné dans son univers. Elle compense son pessimisme vis-à vis du futur de son quartier par une nouvelle philosophie et religion “Semence de la Terre”, fondée sur le principe du changement.L’autrice décrit avec brio un univers hyperviolent où la misère, la faim et l’horreur règnent, où l’eau est rare et onéreuse. Les pyros, drogués aux têtes rasées et peintes de couleurs vives, jouissent des flammes issues de leurs incendies volontaires, pillent, tuent, torturent et violent.

L’intérêt de ce roman est non seulement de dépeindre un monde futuriste sauvage, souffrant de l’effet de serre, mais de décrire la naissance d’une nouvelle religion, la lutte de tout un chacun pour survivre et vivre -si possible dignement.

La Parabole du Semeur/ Octavia E. Butler.- Paris : J’ai Lu, 1995.



Critique de La Parabole des Talents L’auteur continue dans ce second volume l’épopée de Lauren Oya Olamina et de son groupe. Le récit a pour cadre une une Amérique du début des années 2030 alors minée par la violence, l’esclavage et la pénurie. Souffrant de chômage et d’insécurité, la population vote aux élections présidentielles pour Jarret, un fanatique de l’Eglise chrétienne d’Amérique. Afin de remédier à la pauvreté et à la crise, celui-ci se lance dans une guerre avec l’Alaska, Etat voulant faire sécession. Il créée aussi des camps de rééducation pour les délinquants et les hérétiques. Asha Vere, la fille de Lauren, introduit le récit épistolaire de sa mère dans les années 2030. Tout sépare les deux femmes : leur histoires et la religion. Asha Vere ne comprend pas leur séparation et l’engouement de sa mère pour sa « secte ». Quant à Lauren, elle relate son atroce expérience : la création de sa communauté en Californie, la destruction de celle-ci, son esclavage, la recherche de sa fille qu’elle abandonne bientôt au profit de sa religion…

La Parabole des Talents/ Octavia E. Butler.-Vauvert (30) : Ed. Au diable vauvert,2001. – 582 p.

Les caractéristiques de ces deux romans sont de montrer une héroïne noire souhaitant créer une société multiraciale et y vivre. Une société où l’autre – de sexe opposé, de couleur et/ou de statut social différents - n’est pas rejeté. Il est, de plus, heureux de voir une héroïne surmontant maints dangers, de nombreuses épreuves pour créer quelque chose de positif . En S.F., je ne connais que peu d’héroïnes populaires : la princesse Leia dans Starwars, Laureline dans la série de B.D. Valérian de Mézières et une seule héroïne de couleur : Yoko Tsuno, la B.D. de Leloup. Je ne cite pas les héroïnes de comics car peu de femmes peuvent s’y reconnaître.

Emmanuelle.

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