Oui oui, vous avez bien lu, le dernier film de Marc Caro, co-réalisateur de Delicatessen et La Cité des Enfants perdus (avec Jean-Pierre Jeunet) est pour moi un symbole. Le symbole d'un cinéma de genre français totalement à côté de la plaque au niveau artistique. Prenons le pitch de Dante 01 : un inconnu, que l'on surnommera Saint-Georges à cause d'un tatouage sur son bras, se retrouve envoyé sur Dante 01, un asile psychiatrique niché dans une station spatiale qui tourne autour de la planète Dante (un véritable enfer, comme vous vous en doutez !). Il rejoint six autres détenus qui portent tous des surnoms symboliques (Moloch, César, Bouddha, Lazare, Raspoutine et Attila), eux-mêmes encadrés par deux médecins (deux femmes, dont Elisa, qui est arrivée en compagnie du caisson cryogénique de Saint-Georges) et trois agents de sécurité dirigés par Charon. L'arrivée conjuguée de ces deux personnes va provoquer le basculement de Dante 01 : Elisa fait d'étranges expériences sur les détenus, tandis que Saint-Georges, qui ne parle pas, semble investi de pouvoirs christiques...
Au-délà de l'idée de départ, à mon avis peu crédible -comment peut-on faire un centre de détention psychiatrique aussi loin de la Terre, avec seulement 7 prisonniers ?-, le choix du nom des personnages, même s'il revêt une dimension symbolique évidente (j'oubliais l'autre médecin, Perséphone...), me semble un mauvais calcul. Déjà qu'avec leurs crânes rasés il est difficile de les différencier (et pourtant il n'y a que 12 acteurs dans le film), les attitudes des uns et des autres ne sont pas très logiques. Et puis pourquoi Elisa est-elle la seule à ne pas avoir de surnom ? Très vite l'ennui s'installe dans cette station, tant le rythme narratif est déficient. Les choses deviennent confuses avec ce détenu chargé par Charon d'exercer une surveillance. Et puis la fin n'arrange pas les choses, atteignant une dimension métaphysique qui se veut peut-être de la dimension de 2001, l'Odyssée de l'Espace, mais fait plutôt penser à la boursouflure de Mission to Mars, le film de Brian de Palma. Une fin incompréhensible, qui nous donne l'identité, ou plutôt la dimension de Saint-Georges, mais c'est tout. Et "C'est tout ?" est la première parole qui effleura mes lèvres lorsque la fin du film arriva. Et dire que Pierre Bordage, romancier à succès du genre (Les Guerriers du silence, Abzalon...), a écrit le script avec Marc Caro...
Quand le scénario est inepte, on se tourne parfois vers les interprètes pour chercher la lumière. Ici Saint-Georges est interprété par Lambert Wilson, qui n'a que trois mots à dire. C'est peu pour un acteur de son talent, et du coup le film n'en bénéficie pas. Le second rôle, celui d'Elisa, est tenu par Linh Dan Pham, l'une des plus jolies actrices françaises, (découverte dans Indochine il y a 15 ans), mais son jeu n'est pas transcendant. A peine se consolera-t-on avec son arrivée dans le plus simple appareil. Pour le reste, c'est un casting de "gueules", en tête duquel figure Dominique Pinon, fidèle interprète du duo Caro-Jeunet, mais ils se contentent la plupart du temps de brailler dans les coursives ou à se taper dessus. La réalisation de Caro n'est pas catastrophique (comme celle de Pitof dans Vidocq ou Catwoman), mais elle n'est pas très inventive non plus, contribuant à l'assoupissement de votre serviteur. Bref, c'est plat, inintéressant et l'interprétation est médiocre.
Difficile de parler de ce film sans le taxer de daube intersidérale, mais les faits sont là, c'est l'anti-exemple à suivre pour les jeunes réalisateurs français qui voudraient faire de la SF.