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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


 

 

Babylon Babies fut un roman écrit par Maurice G. Dantec, paru en 1999 chez Gallimard. Faisant suite à ses autres romans La Sirène rouge et Les Racines du mal, c'est un récit très dense qui mêle science-fiction, thriller ethico-biologique et figures bibliques.
La trame originelle du roman se présentait comme suit (attention spoilers) : 2013, le personnage principal, Hugo Cornélius Toorop (héros de La Sirène Rouge), est un mercenaire dont la mission consiste à escorter une jeune femme schizophrène, Marie Zorn, de Sibérie jusqu'au Québec (où vit Dantec) pour le compte d'une secte. Il s'avère que la jeune femme est la mère porteuse de jumelles génétiquement modifiées, représentant le prochain stade de l'évolution humaine, d'où le titre du roman.

Soucieux de toucher un plus large public que Dantec (dont l'écriture "serrée", critique, sans concession, n'est plus à prouver), Mathieu Kassovitz -le réalisateur- décale son intrigue de quelques années dans le futur, sans plus de précision (cela se passe après 2017, puisqu'une allusion à cette année y est faite). Le film est renommé Babylon A.D., ce qui signifie Le Règne de Babylone, le titre original en disant un peu trop au sujet du pitch au goût du réalisateur. Le convoyage de la jeune Marie (devenue Aurora dans le film) est quant à lui prévu jusqu'à New York, ville qui permettra au public anglo-saxon de mieux s'y retrouver. Et bien sûr, le film a été tourné dans la langue de Shakespeare.

Le rôle principal du film est tenu par Vin Diesel, la star bankable des Chroniques de Riddick, XXX et Fast & Furious. Beaucoup de conditions pour générer un blockbuster américain qui pourtant est une production presqu'à 100% française (la Fox est cependant présente, ainsi qu'à la distribution américaine). Il est à signaler que c'est le studio qui a réalisé le montage pour la sortie aux USA.

Babylon A.D. est un film sur la foi selon son réalisateur. "Pas tant sur la forme que sur le fond. Quand on regarde Blade Runner, on voit d'abord un film de science-fiction et d'action. Mais au fond il parle de Dieu, de notre existence sur cette planète, de la création..." Ilan Goldman, le producteur, se dit lui passionné par le thème de la foi traité dans le film : Beaucoup de gens ont besoin de croire. Et, de fait, certaines personnes utilisent la religion pour essayer d'apaiser les âmes et d'autres veulent en faire du business. Cela m'intéressait de participer à un film qui dénonce ce phénomène ainsi que la volonté sécuritaire de certains pays.

Reste qu'au bout d'une heure quarante de métrage essentiellement centré sur l'action, il est difficile de faire un nouveau Nom de la Rose... Un long métrage avec notamment une course-poursuite entre des scooters des neiges et des drones qu'on croirait sortis de Star Trek, mais aussi quelques scènes de bagarres à la sauce Yamakasi. Kassovitz a voulu placer à la fois ses amis et ses références, se faisant quand même plaisir avec un budget confortable (grâce à son précédent film, Gothika, qui a très correctement marché).


Cela donne un film bâtard, à cheval entre plusieurs genres, entre plusieurs traditions. Bénéficiant d'un casting international (Diesel donc, qui tient correctement son rôle de mercenaire, sans en faire trop, mais aussi la Malaise Michelle Yeoh, toujours en forme, ainsi que les Français Mélanie Thierry -le "paquet" convoyé par Diesel-, Gérard Depardieu et Lambert Wilson). Le film partait sur des bases assez faibles, on avait l'impression de voir un téléfilm français de troisième zone, un peu fauché, et filmé avec les pieds. Mais Kassovitz se reprend par la suite, s'éclatant visiblement dans les scènes plus remuantes ou avec les engins un peu futuristes. Comme dans Les Rivières pourpres, autre réalisation de Kasso (mais qui commence à dater), j'ai trouvé le montage étrange. Comme s'il manquait des scènes, comme s'il avait voulu filmer les moments-clés du roman sans vraiment se soucier de leur enchaînement. Du coup, il n'y a pas vraiment d'atmosphère propre au film, et la fin arrive de façon un peu abrupte, sans qu'on y croie vraiment. Et puis, quid des étranges pouvoirs d'Aurora, qui sont à peine utilisés dans le film ? Il y a des chances pour qu'une fois de plus le studio ait revu le montage, en dépit de toute cohérence.


L'impression générale ? Du gâchis, comme souvent lorsqu'un roman de cette ampleur est adapté au cinéma. La transposition enlève beaucoup d'éléments au récit initial, et on se retrouve avec une sorte de suite de cascades sans réelle âme.

 

 

 

 

Spooky.
 


 

 

 

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